« challenge 10 000 calories », « cheat-meal de l’espace » … Ces termes sont aujourd’hui présents sur les réseaux sociaux et associées à la musculation. Manger plus pour gagner plus de muscle, l’équation est (en apparence) évidente.
Mais est-ce éthique de prendre du muscle, de manger plus, sans prendre en compte ce qui nous a permis d’atteindre nos objectifs, sans prendre en compte ce qu’est réellement l’alimentation ?
Déjà avant toute chose, je voulais partager qui je suis pour les personnes qui me liraient mais ne me connaîtraient pas : je suis coach sportif, et je fais de la musculation. Donc autant être clair de suite : je suis censé faire parti des personnes que je décris. J’essaie toutefois de m’écarter de cette manière de faire mais je tenais à le préciser afin de ne pas passer pour le donneur de leçon qui se sent supérieur aux autres.
De plus, soyons également clair là-dessus : quand je parle d’un problème éthique en lien avec l’alimentation, je pense naturellement aux produits d’origine animale (viande, poisson…), bien que les plantes ne soient pas non plus mises de côté (j’y reviendrai plus loin dans l’article).
Nous sommes déconnectés
Pour moi, le problème ne vient pas de la prise de masse en elle-même. Il est normal de vouloir prendre du muscle, de vouloir s’améliorer physiquement, peu importe les raisons. Le soucis, pour moi, c’est que lorsqu’on se dirige vers la prise de masse, on peut devenir obsédé par ça, voir obnubilé et au final complètement déconnecté de l’alimentation.
3 à 4 œufs entiers le matin, 100g de poulet le midi, 1 shaker de protéine après l’entrainement et un pavé de saumon de 100g le soir. Un schéma classique. On achète en gros, on stock des boites de 20 steaks pour faire des économies, on prend en lots pour que la prise de masse ne revienne pas trop chère. Au final, la viande, le poisson, et tous les autres produits d’origine animale ne sont plus que des pierres qui servent à construire notre édifice. On ne compte pas en nombre de morceaux de viande ou de poisson, on compte en nombre de protéines par kg de poids de corps et par jour. La viande n’est qu’une quantité de protéines.
Les animaux sont-ils des aliments ? Je ne répondrai pas à cette question car chacun à sa propre réponse, mais je pense que n’importe quel aliment mérite un minimum de considération.
La facilité serait de te dire que les animaux méritent plus de respect que les plantes, mais je veux t’amener à réfléchir plus loin que ça. Bien évidemment, les animaux sont un cas à part, et ils méritent une attention particulière. Tuer un animal pour le consommer ne devrait jamais être pris à la légère.
Manger pour gagner en notoriété
Le symbole ultime de cette déconnexion est pour moi le cheat-meal, et qui plus est quand il est fait avec énormément d’excès. La cerise sur le gâteau : se prendre en photo ou en vidéo pour montrer que l’on a battu son propre record de consommation de calories.
J’en avais déjà parlé dans un précédent article mais j’avais encore besoin d’en parler. Se prendre en photo ou en vidéo en train de manger à l’excès pour partager ça sur les réseaux sociaux ou sur YouTube, est-ce une attitude rationnelle ? Une question que l’on peut se poser. Le cheat-meal est-il là pour faire effectivement un repas « triche » ou plutôt pour gagner 10 abonnés sur Instagram ?
Et comme je le disais en introduction, je ne parle pas uniquement des produits d’origine animale, il est bien évidemment possible de faire des cheat-meal quand on est végétarien ou vegan.
Je ne veux pas amener à la haine mais à la réflexion : quel est le sens de tout ça ? Quand allons-nous nous rendre compte que l’alimentation n’est pas un jeu, qu’elle n’est pas une distraction, qu’elle n’est pas un moyen de gagner des abonnés, de devenir populaire, d’afficher une photo sur les réseau sociaux ? Prendre du muscle, certes, mais est-ce nécessaire de l’exposer de cette manière ?
Quand allons-nous relever la tête de l’écran, ouvrir les yeux et nous rendre compte que les aliments sont des manifestations de vie, tous empreints d’une pureté que nous avons visiblement complètement perdus ?
Maintenant, tu l’as peut-être deviné ou non mais je vais te dire quelque chose : je suis vegan. Si je te dis maintenant que je suis vegan, c’est parce que je ne voulais pas que tu sois influencé par ça durant la lecture de l’article. Etre vegan ne veut pas forcément dire être en désaccord total avec les omnivores. Etre vegan ne veut pas forcément dire se sentir supérieur aux omnivores.
Je ne fais pas cet article pour dénoncer tel type d’alimentation ou défendre un autre. Je voulais seulement partager mon point de vue sur la déconnexion profonde que nous avons, en tant qu’être humains, envers la nourriture. Envers cette nourriture qui nous permet d’atteindre nos objectifs sportifs, mais aussi de vivre, de grandir, d’être heureux, de partager de bons moments entre amis, avec les membres de notre famille. Envers cette nourriture a qui nous devons tout, et envers laquelle nous ne donnons rien, envers laquelle nous n’exprimons aucune reconnaissance.
Je pense très sincèrement que nous devrions essayer de prendre du recul et nous rendre compte de l’immense chance que nous avons pour avoir accès à une telle variété d’aliments. Dans un autre pays, à une autre époque, les choses seraient bien différentes. Les aliments – qu’ils soient d’origine animale ou végétale – donnent leur vie pour nous, donnons-leur un minimum de considération.
Comme je le disais, j’essaie de l’appliquer au quotidien mais je ne me considère pas comme parfait. Je n’ai pas encore le niveau de reconnaissance que j’aimerai avoir envers l’alimentation. Ca vient au fur et à mesure, en prenant le temps, et en ne prenant rien pour acquis.
Merci à toi d’avoir lu cet article. Si tu veux savoir comment optimiser ton alimentation sportive vegan tout en atteignant tes objectifs sportifs (sans faire de prise de masse sur-médiatisé), tu peux démarrer maintenant un coaching à distance. Entraîne-toi avec le cœur, mange avec le cœur.